La femme et la mer……..
La femme et la mer………
L’or et le carmin s’enlaçaient dans les flots argentés de cette mer d’un calme quasi surnaturel. Le soleil se couchait dans cette meurtrissure sanglante sans un cri, presque amoureusement.
Assise sur le sable, les genoux repliés jusqu’au menton, je regardais ce spectacle beau à couper le souffle, un moment d’éternité dans l’incertitude et la folie de ce monde, un de ces moments où le temps n’existe plus, une note sur laquelle l’univers a posé un point d’orgue.
Le vent caressait la mer de son souffle, créant de longues vagues qui doucement roulaient quelques galets et berçaient, au rythme de leur danse, les cheveux verts des filles de Neptune. Je me fondais dans ce paysage jusqu’à ne faire plus qu’un avec lui. J’étais le sable et l’eau, le ciel et le soleil.
– Bonjour Mademoiselle !
Je sursautais au son de cette voix inconnue qui tranchait le calme magique de cette crique comme un couteau tranche un fruit. Je sentis mon cœur s’emballer, j’étais incapable de répondre à ce bonjour.
– Mademoiselle ? Il semble que je vous ai surprise en pleine rêverie n’est ce pas ?
– Oui, pardon, je ne vous ai pas entendu arriver…..
Je me levais d’un bond, regardant cet homme sorti de l’océan, juste vêtu de son slip de bain et auréolé de la lumière du soleil couchant. Etait-il réel ? Mon esprit se troublait en se perdant dans le vert de ces yeux si pénétrants qu’ils donnaient l’impression de lire chacune de mes pensées.
– Vous admiriez cette fusion magique de la lumière et de l’eau ?
– Oui, c’est surréaliste, on se sent libre comme l’oiseau, notre esprit s’élève à l’infini, c’est merveilleux !
– « Homme libre, toujours tu chériras la mer
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. »
– Aimez-vous Baudelaire mademoiselle ?
– Oui passionnément.
« Mon cœur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeux
Et planait librement à l’entour des cordages ;
Le navire roulait sous un ciel sans nuage
Comme un ange enivré d’un soleil radieux »
– Oui, il avait compris le lien qui unit les êtres vivants à l’immensité mystique de l’océan.
Nos regards se croisaient et se reconnaissaient. Dans qu’elle vie nous étions nous connus ? Dans quel temps ?
Sans plus dire un mot, me prenant la main et avançant vers la mer, il m’entraînait dans l’eau. Je ne pouvais lui résister, je me perdais dans son regard. Une étrange sensation de paix m’envahissait me rendant incapable de la moindre résistance. J’étais le jouet de cet inconnu, de cet être issu de l’océan.
Le bruit des vagues se brisant sur les rochers et le chant du vent venant du large, étaient les seuls bruits que mon esprit entendait. Mon cœur battait à se rompre dans ma poitrine. Chacun de ses coups me répétait de m’enfuir avant de souffrir, mais je ne pouvais, j’étais hypnotisée, soumise à ce regard émeraude.
Il s’agenouilla, m’attirant contre lui. Le sable glissait sous mes pieds, laissant une sensation douce et sensuelle, comme une caresse délicate sur une peau frissonnante d’émoi ! Je me laissais tomber près de lui et là ses lèvres s‘unirent aux miennes dans un long baiser, sa bouche voulant être l’antre de la volupté.
La mer, dans son va et vient, accompagnait les mouvements de nos corps s’unissant sous la douce lumière d’une lune complice. Où étions nous ? Qu’elle heure était il ? Je n’en savais rien, j’avais perdu toute notion de la réalité. Après un temps indéfini, nous nous sommes allongés l’un près de l’autre, sombrant dans un profond sommeil, sans rêve.
Le matin arriva, sans bruit, comme sur la pointe des pieds, respectant le repos des amants de la mer. J’ouvrais les yeux et le vis qui s’éloignait sans se retourner. Il allait disparaître dans l’océan comme il était venu. Je me mis à courir le cœur serré, je voulais le retenir, prolonger cette magie de la nuit finissante.
– Qui êtes vous ? Dites moi au moins votre nom ?
Il fit une pause, me regarda longuement, ses yeux verts plongés dans mon âme :
– Je suis l’Amour
Et il disparut à ma vue comme si l’océan l’avait avalé. Je restais là, désemparée. Le vent séchait les larmes qui s’évadaient de mes cils, et son chant semblait me dire: » sois heureuse tu as connu l’Amour. »
Le soleil se levait, une mouette criait et moi, je restais plantée là comme une statue de sel. Avais -je rêvé ?
Depuis ce jour, chaque année, je viens sur cette plage regarder le coucher de soleil en espérant voir surgir de l’eau, celui qui avait tant marqué mon âme et mon corps, cet amour idéal, ma rencontre d’une nuit d’été.
FIN.
Brigitte 2OO7 (écrit pour un concours)